Transphotographiques – Lille – Palais Rameau

C’est pour moi le clou du spectacle des Transphotographiques que le Palais Rameau

D’abord, on ne peut manquer le lieu, qui n’a pas grand chose d’un palais mais dégage une forte présence. L’an dernier je n’avais pas vu ce lieu, j’ignore si je l’avais raté où s’il est nouvellement investi cette année.

transphoto---palais-rameau

Ensuite, les photographies présentées couvrent aussi bien le domaine de la photo de mode que celui de la photo dite « plasticienne » que celui du photoreportage et proviennent aussi bien des grands noms que des plus modestes (voire d’amateur comme Dominique Sécher).

Enfin, le volume exposé est bluffant et c’est gratuit !

D’entrée de jeu on est placé face à une accumulation impressionnante (je n’ai pas compté mais il s’agit  de plusieurs dizaines) de clichés de Stanley Greene de l’agence Noor qu’on ne présente plus et déjà vu chez Polka (billet ici) et au casino Luxembourg (billet ici). C’est un reportage de guerre, violent, en noir et blanc rugueux, de petit format classique, dans le Haut Karabagh. Le résultat est frappant, la masse de photos fait toutefois un peu barrage à la longue : c’est un peu trop, et particulièrement déprimant.

Pour se remettre de ses émotions, on peut aller voir Patrick Demarchelier (c’est vraiment le grand écart) avec ses photos de mode, d’une part une série en couleur où un mannequin est en présence d’une … vache (meuh oui) et d’autre part une série noir et blanc de Natasha Poly qui ferait b***** un mort (et qui a fait le couverture de la revue Photo de mai 2009, partenaire de la manifestation). Là-dessus, il y a peu à dire.

Dans un registre un peu plus sérieux, c’est quand même un canon, non ?, le collectif Sputnik montrait des histoires illustrées sur le thème du travail clandestin à travers des panneaux mêlant textes (en anglais) et (petites) photos. Je ne reviens pas sur Andrej Balco qui présentait la même série qu’au septembre de la photo à Lyon en 2008 (billet ici). Quant aux autres, ils nous montre le coupage d’alcool (Jan Brykczynski, illustration ci-dessous), des militaristes (Filip Singer), un camerounais footballeur (Manca Juvan), le sort de georgiens en Pologne (Agnieszka Rayss), et d’autres choses encore par Rafal Milach, Domen Pal et Justina Mielnikiewicz. Je passe un peu vite car ce n’était pas très passionnant même si les problématiques rencontrées dans ces pays se retrouvent aussi en Europe de l’ouest. Le site des transphotographiques indique (ici) le site de Sputnik et celui de chaque auteur lorsqu’il en ont un.

transphotographiques---rame

Je passe aussi vite fait sur Dominique Sécher (son site ici) qui nous parle, vous savez quoi ? de Roms ! Ah oui, ce n’est que le troisième photographe à en parler aux Transphotographiques. Mais cette fois, ils sont encore plus joyeux et paraissent même riches, ainsi photographiés dans de grands formats couleur. Il faut dire que ceux-là ne sont pas des parias en Europe de l’Est ou « en transit » à Lille (ce qui est moins mal) mais tiennent un cirque, le cirque Romanès (ce qui est encore mieux). Ils ont d’ailleurs un site web (ici) avec le planning des tournées.

Avant de faire un autre billet sur ce qui m’a vraiment plu au Palais Rameau, je vous touche deux mots du « projet frontières » . Je n’ai vu que trois auteurs, Kai Ziegner, Thomas Pospech et Thomas Rykaczewski alors que le site web des Transphotographiques en annonce 5. Bizarre. j’ai peut-être raté quelque chose.

Kai Ziegner nous montre, avec difficulté en raison de reflets sur les vitres, des photos de l’est assez banales tandis que Tomas Pospech (son site à l’interface inhabituelle est ici) nous montre des photos d’une usine LG à Hranice dans un grand panneau de 14 *7 photos mais il « triche » car il plusieurs fois les mêmes photos sur le panneau. Au lieu des frontières de l’est, Tomasz Rykaczewski (son site ici) choisit de montrer les frontières intérieures avec de saisissants portraits noir et blanc ou coleur, sobres et ambigus où le sexe des personnages reste indéterminable.

transphoto---rameau-Rykacze