MEP – Sidibe, Wachill, Choquer, Moon

L’exposition à la MEP (site ici) ce n’est pas seulement Eliott Erwitt (billet ici). En visitant l’exposition samedi après-midi, j’ai été un peu déçu d’entendre dire, « mais c’est où ? », « Ah, non, c’est pas ce truc là ». Plein de gens faisaient la queue (y compris dans la rue). L’humain aime bien la vie de troupeau. Bref. Du coup, les autres salles ne faisaient pas le plein, à part Luc Choquer.

Malick Sidibé montrait trois photos dans un coin tandis qu’une greluche téléphonait bruyamment plantée devant: admirable grand public attiré ici on ne sait comment, reste plutôt devant TF1. Youssouf Wachill était massacré par un accrochage calamiteux en raison de reflets sur ses images sombres de visages cachés dans l’obscurité, voilés. Sarah Moon ne faisait guère recette non plus avec ses images de théâtre.

Luc Choquer recueillait en revanche tous les suffrages avec un niveau entier consacré à son travail: la foule se pressait devant ses portraits de français « à la Martin Parr », avec force originaux et couleurs vives. Bousculades et franches rigolades parmi les visiteurs qui croyaient peut-être regarder les Bronzés IV. Quoi qu’il en soit, je ne sais pas où il les a trouvé ces français là mais, comme on dit, il a trouvé des « gueules », et des gratinées mais il fait aussi des trouvailles de composition adroites et fait preuve aussi d’une certaine tendresse pour certains de ses modèles. C’est vraiment à voir, si possible un jour de faible affluence. On peut trouver les séries (portraits de français et hors champs) présentées sur le site de l’agence Signatures (ici).

Un étage était injustement délaissé par les visiteurs, c’est celui consacré au travail de Philippe Bordas qui montrait trois de ses projets centrés sur l’Afrique. La 1ère salle montre des chasseurs du Mali dans de grands portraits couleur pur l’essentiel, avec armes, gibier et parfois hyènes, de compagnie (un peu comme Pieter Hugo). Il y a aussi des scènes autour du feu, presque volcaniques, en petit format, très réussies. L’autre salle réservait un petit espace intime à Frédéric Bruly Bouabré où on pouvait découvrir le maître en plein travail avec moult commentaires sous chaque photo: presque une bande dessinée. Plus loin, l’auteur et artiste africain, inventeur d’un alphabet qui lui est propre, était vu à travers quelques pages expliquant sa démarche si étrange. Si vous êtes curieux, ce volet de l’exposition ne manquera pas de vous surprendre. Pur finir, Philippe Bordas nous emmène voir des boxeurs, à l’occidentale, sur fond noir ou plus traditionnels, sur fond ocre ou combattant dans le sable, deux visages méconnus de la boxe en Afrique.

Pour en finir avec ce programme de la MEP, qui dure jusqu’au 4 avril 2010, soyez curieux, ne vous contentez pas de suivre le troupeau et surtout évitez, si vous pouvez, les heures d’affluence.