Rencontres d’Arles – Espace SFR – Lo Calzo, Montméat, Demenge, Clair, Angei, Toroptsov

SFR encourage les jeunes (et moins jeunes) photographes depuis plusieurs années et l’an dernier déjà, dans les mêmes lieux, SFR présentait une sélection de photographes (billet ici). Je passe sur les quelques photos de Reza (qui est le parrain cette année) et aussi sur Edgar (élu par le public) qui nous montrait des formats carré de coupe de la canne à sucre, pour passer aux découvertes de SFR retenues par le jury.

Marc Montmeat (qui est éducateur dans une prison – site ici) a retenu quant à lui le noir et blanc, également dans de grands tirages. Ses images les plus inspirées à mon sens sont celles qui présentent un homme, seul, et son ombre, de telle sorte que c’est l’ombre le sujet principal. Il ne me semblait pas néanmoins que c’était là le meilleur de la sélection mais il a remporté le Grand Prix SFR, peut-être en raison de l’économie de moyens et de la surprenante densité de ce travail.

Yuri Toroptsov (série Marylin and i) montrait des personnalités tenant une robe de Marylin. Certains s’expriment comme PPDA. Je ne suis pas fan de célébrités mortes ou vivantes et n’apprécie pas le fanatisme ou le fétichisme, même Marylinien, donc bof.

Nicola Lo Calzo (série inside Niger) montrait de grands portraits individuels d’africains en tenue de travail, dans de grands tirages mats. Un travail remarquable par son sujet alors que l’Afrique et sa population sont le plus souvent montrés sous un jour folklorique ou misérabiliste ou à travers les yeux d’un photojournalisme rapace avide d’images d’actualité racoleuses. David Alan Harvey (agence Magnum) ne s’y est pas trompé en retenant le travail de Nicola pour le publier sur son blog, Burn. (ici).

Demenge (qui a semble-t-il décidé d’abandonner son prénom, Bernard) expose des visages anonymisés par divers moyens sur le thème « Chair anonyme, chères inconnues » en référence à ces femmes qui brouillent sur visage sur des photos et films X. On est loin des réflexions récentes et pompeuses de Thomas Ruff (série jpegs) sur le médium et ce n’est pas plus mal, mais là, le propos reste un peu faiblard et on a connu Demenge plus inspiré. Dans la même veine, j’ai préféré la série Armelle de Sylvain Gouraud (site ici et le billet ici), plus mystérieuse.

Angei (qui a aussi oublié son prénom, Jean-Pierre) juxtapose un visage et une photo de l’usine Lustucru désaffectée où justement travaillait la personne photographiée. Il a trouvé la bonne distance entre le projet nomblilo-nombriliste (mes orteils, mon chat, ma tasse, etc) et le reportage sur le conflit au Chianistan dans la vallée du Kaskoullhir occidental. Son histoire est simple et proche, montrée sans artifice, avec sensibilité et justesse et c’est vraiment une bonne surprise. Son site (ici) ne montre pas la série telle que présentée à Arles, dommage.

Jérôme Clair (son site ici) a eu une bonne idée : celle de sauvegarder des sujets en voie de disparition en les plaçant dans une boite transparente, à moins qu’il ne s’agisse de les mettre en boite… Les tirages exposés sont trop petits, c’est dommage.

Cette exposition est modeste mais montre un travail original de qualité comme quoi il y a en France, et même hors de Paris, des photographes de talent qui savent traiter d’autre chose que d’eux-mêmes, montrer autre chose que les sempiternelles guerres, reportages sur les roms et autres « jeunes de banlieue ». Cette exposition se termine le 30 août 2009 et c’est gratuit.