Rencontres d’Arles – Cloitre Saint-Trophime – Hatakeyama et Allen

Le Cloître Saint-Trophime était cette année bien moins rempli que l’an passé, comme je l’ai déjà indiqué. En y réfléchissant a posteriori, et après avoir écrit le billet sur l’Espace Van Gogh, je me demande si finalement ce n’est pas un meilleur choix que de faire du remplissage.

En l’espèce, deux expositions seulement étaient montrées, dans deux salles, sans aucun rapport l’une avec l’autre.

Naoya Hatakeyama montrait des photos de maquettes urbaines mais surtout de nombreux tirages de nuit avec juste quelques lumières qui brillent comme dans une lightbox. De fait, ses images sont produites en superposant des tirages et en utilisant une lightbox, des films transparent et des filtres uv. Je n’ai pas tout compris de la technique car je ne suis arrivé qu’à la fin de la visite organisée en présence du photographe. Quoi qu’il en soit, c’est un travail extrêmement surprenant et original que je n’avais jamais vu auparavant et la visite vaut donc le coup.  Je n’ai pas trouvé son site et ses galeries (au Japon et en Allemagne) ne montrent pas les œuvres présentées à Arles. De toute façon, c’est typiquement un travail qui ne  produit son effet que vu « en vrai ».

James Allen quant à lui n’est pas photographe mais collectionneur et ce qu’il montre fait impression même si l’œil contemporain s’est habitué aux images macabres. Les 70 photos exposées sont pour la plupart des lynchages de noirs aux États-Unis, le reste étant consacré à des textes (des pétitions contre de telles atrocités) et témoignages d’époque.Il y a aussi une impressionante carte des lynchages (1900-1931).

Arles-2009---lynchage

Beaucoup de photographies sont des prises de vues amateurs sous forme de carte postale, parfois agrémentées (si j’ose dire) de commentaires dont l’humour noir laisse pantois (pour ne pas dire pantelant). Ce qui est dépeint consiste essentiellement en cadavres de suppliciés, pendus ou brûlés vifs le plus souvent, des images horribles même si elles ne détonnent pas au milieu de l’actualité télévisée.

James Allen poursuit son combat pour la mémoire de ces meurtres depuis des années et l’article de Anne Chaon paru dans le Monde Diplomatique en juin 2000 constitue toujours l’une des meilleures mises en perspective (ici). J’avais pour ma part découvert ces photographies après avoir entendu parler de Ken Gonzales-Day, qui travaille sur ces photos et interroge le public sur « Comment montrer l’horreur ? » (illustration ci-dessous tirée de son site ici) et il expose au Palais de Tokyo jusqu’au 31 août 2009 mais j’ignore si cette série est exposée. Il aurait été intéressant de montrer son travail en prélude à l’exposition de James Allen, occasion ratée.

L’exposition arlésienne est à déconseiller aux plus sensibles (il n’y a pas de disclaimer à l’entrée) et en particulier aux enfants.