Rencontres d’Arles – Salle Henri Comte – Une attention particulière

En 2008, la salle montrait des « courtisanes » du siècle passé avec crinoline, bottines et tout l’équipement. Changement radical en 2009 avec les travaux de jeunes diplômés de l’ENSPA (Ecole Nationale Supérieure de Photographie d’Arles). Tous ceux qui n’étaient pas exposés (ou presque) sont visibles sur le site de l’école (ici – rubrique 3ème année).

La garde-chiourme interdisait formellement les prises de vues, ce qui ne manque pas de me surprendre : peut-être les visiteurs (payants), désireux de garder trace des œuvres exposées, sont-ils suspectés de tirer profit des travaux montrés ou de léser leur auteur ? Quoi qu’il en soit, en l’absence de catalogue et même de la moindre notice papier permettant de voir ces travaux mis en valeur, cette façon de faire m’étonnera toujours. Cette opinion vaut a fortiori pour de jeunes auteurs qui n’ont pas, pour le moment, grand-chose à perdre, et peu d’occasions de montrer leurs travaux.

Je ne sais pas si les Rencontres d’Arles pourront indéfiniment présenter des expositions fort modestes et payantes dans de telles conditions et prétendre remporter en même temps un succès public : je crains fort que seuls les initiés, experts et autres visiteurs gratuits de tout poil ne constituent, à terme, le gros des troupes. Une fois encore, on ne peut qu’inviter Arles à ouvrir les yeux et à s’inspirer de ce qui se pratique à Madrid.

L’exposition montrait, à dose parfois homéopathique, les travaux de 4 auteurs. Agnès des Ligneris montrait ainsi un film en boucle : les jambes d’une petite fille vue de dos qui court dans l’herbe en camera subjective. Je lis que l’auteur « interrogeant de possibles souvenirs, reconstruit l’enfance avec ses peurs, ses drames ou à l’inverse (sic !) son insouciance et l’intimité partagée». Il faut disposer d’une imagination féconde pour lire tout cela dans si peu. Gilles Pourtier nous livre en grand format un poteau, une palette, une petite piscine en plastique et un bouquet, extraits d’une série de 12 photos (série Le Château – visible sur son site ici). Une présentation de la totalité de la série aurait peut-être été moins nuisible que cet échantillon hasardeux. Je lis, toujours sur le site des Rencontres, que l’auteur « fixant les états du monde (sic) révèle l’évidence étrange et inquiétante de ce dernier, comme si nos habitudes visuelles nous empêchaient de voir ce qui se passe sous nos yeux». Là-encore, que d’imagination ne faut-il pas faire preuve pour donner du sens à quelques images.

Bref, à ce stade de la visite, nous avons vu quatre photos et une vidéo, pour le moins absconses.

La suite est heureusement un tout petit peu plus inspirée.

Mathilde Brugni (son site ici) montre un ensemble « impressionniste ». Ce que je baptise école « impressionniste » c’est un courant qui cherche à former une émotion à partir de touches éparses en recourant à de multiples tirages de formats photographiques variés, souvent petits, et simplement punaisés au mur, plus ou moins en rapport avec un sujet. Ici, le sujet c’est la Finlande et on voit des portraits, un lampadaire et des tas de trucs sans importance, qui auraient pu être photographiés à Arles ou ailleurs. Il n’en reste pas moins qu’il y a en effet une impression qui se dégage : l’ennui. Il est vrai que la Finlande, pour la plage et les cocotiers, c’est un peu raté et pour la richesse architecturale ou les musées c’est loupé aussi. Il me semble que la Finlande a d’ailleurs détenu un temps le triste record mondial du taux de suicide.

Vera Schope (son site ici) montre le projet qui me paraît le plus abouti. Vera expose, d’une part, une mosaïque de petites photos prises à la frontière États-Unis – Mexique et, d’autre part, huit cadres avec une photo sur papier millimétré avec à côté un témoignage d’un mexicain. Ce travail très construit s’inscrit dans une démarche personnelle témoignant d’un vrai humanisme auquel on ne peut rester insensible.